Un massacre organisé

Sous prétexte que quelques surfeurs et nageurs aient été gravement blessé ou tué par des requins, 100 millions d'entre-eux sont massacrés chaque année. C'est l'un des produits de la pêche les plus chers au monde. Cette véritable industrie du requin pèse plusieurs centaines de millions de dollars et provoque du braconnage et de la corruption.

L'exploitation

Tous les requins de plus de 1,5 m de long sont exploités. Généralement, les ailerons les plus appréciés sont ceux du requin mako, du requin bleu, du requin gris de récif, du requin sombre et du requin marteau. Certaines espèces de requins sont davantage convoitées en raison de leur texture ou de leurs filaments cartilagineux. Les bandes organisées pour l'exploitation des requins ont mis en place des listes des espèces recherchées. Il existe ainsi trois listes reprenant des noms de requins selon leur intérêt commercial.

Les principales pêcheries pratiquant le shark finning sont aussi bien présentes dans les pays en voix de développement que dans les pays développés. Plus de 85 pays, parmi lesquels on comptes les Émirats arabes unis, l'Indonésie, l'Espagne, l'Inde et Taïwan, exportent des ailerons de requins séchés. Les asiatiques sont les premiers acheteurs d'ailerons dont ils sont friants. Certains chinois sont capables de débourser jusqu'à 70 dollars pour un bol de soupe aux ailerons de requins.

Le shark finning

Même quand la viande a peu de valeur marchande, les ailerons de requins se vendent très bien. Du coup, certains pêcheurs se sont spécialisés dans le shark finning. Cette technique consiste à ne couper que les nageoires dorsale, pectorales et caudale. Très souvent, le requin pêché est hissé sur le pont. Les pêcheurs tranchent alors ses nageoires à l'aide d'un couteau. Le reste du corps du requin est ensuite rejeté à la mer. Le requin, toujours vivant, est incapable de se mouvoir afin d'oxygéner ses branchies. Il meurt donc asphyxié après une longue agonie.

C'est ainsi moins de 7% du requin qui est exploité. La cruauté s'ajoute ainsi au massacre. À Taïwan, principal pays pratiquant le shark finning, une loi oblige à présent les pêcheurs à ramener au port les carcasses des requins tués. En Europe, le shark finning est interdit sauf en Espagne, qui bénéficie d'une dérogation. Dès le retour au port, les ailerons de requins sont posés sur des nattes de bambou, des plateaux ou encore suspendus à une corde, afin qu'ils sèchent entre 7 et 14 jours selon leur épaisseur. Ils sont régulièrement retournés pour éviter d'être brûlé par le soleil. La nuit, ils sont rentrés pour les protéger des animaux et de la rosée du matin. Une fois séchés, ils sont placés dans des caisses ou des sacs de jute - le plus répandu car le sac de jute permet l'évacuation de l'humidité - afin d'être vendu. C'est finalement l'acheteur qui les transformera selon son commerce.

À terme, la soupe d'ailerons risque de devenir un plat de luxe quand les requins se seront raréfiés.