Les origines

Les premiers requins sont apparus au Dévonien, il y a environ 420 millions d'années. Ils possèdent tous un squelette cartilagineux et ne changent quasi pas jusqu'au Carbonifère. C'est durant cette période que les requins connaissent un déclin significatif qui prend fin au Jurassique. À partir du crétacé, de nombreuses espèces de requins adoptent leur forme moderne. Certaines espèces, mal adaptées, disparaissent et d'autres évoluent jusqu'à devenir des superprédateurs qui sillonnent encore nos océans. Les requins appartiennent à la classe des chondrichtyens, les poissons cartilagineux, qui regroupent en plus des requins, les raies et les chimères. Actuellement, les scientifiques ont identifié quelques 540 espèces de requins regroupées en 35 familles.

Les fossiles de requins bien conservés sont très rares compte tenu de la nature cartilagineuse du squelette. Le plus souvent seules les dents résistent à l'altération du temps. En plus de ces dents, on peut également retrouver de minuscules denticules dermiques couvrant leur corps et les épines que l’on trouve parfois en avant de leur nageoire dorsale.

Fossiles de requins

Paléozoïque

Cette période est caractérisée par un développement poussé des nageoires et des mâchoires chez les requins.
Cladoselache clarifié a vécu entre 385 à 259 millions d'années. Les requins du genre Cladoselache sont les premiers requins apparus sur notre planète. Cladoselache clarkii avait une taille très variable allant de 60 cm à 2 mètres. Il se nourrissait de poissons et les plus petits individus vivaient probablement en groupes.

Cladoselache clarkii
Stetanchantus altonensis a vécu entre 385 à 320 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 70 cm. Vu sa petite taille, il devait se nourrir de petits poissons et de brachiopodes. C'était un requin probablement lent. Il possédait sur le dos un appendice en forme d'enclume, recouvert de petites dents qui garnissaient également le dessus de sa tête. L'utilité de cette crête reste un mystère : elle pouvait jouer un rôle dans les rituels d'accouplement ou l'aider à se défendre contre les prédateurs ou encore à effrayer les prédateurs. Ce qui est certain, c'est que seul le mâle possédait cet appendice dorsale. Étonnement, il possédait déjà des nageoires pectorales quasi identiques à celles des requins modernes.

Stetacanthus altonensis
Edestus heinrichi a vécu entre 359 à 299 millions d'années. La plus grande espèce connue de ce genre (Edestus giganteus) mesurait probablement 6 mètres de long et peser jusqu'à 6 tonnes. On ne sait pas comment mangeait Edestus, mais il très probable qu'il attrapait d'abord sa proie puis qu'il faisait "rouler" sa mâchoire vers sa bouche pour avaler la nourriture.

Edestus heinrichi
Saivodus magnificens a vécu entre 359 à 272 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 9 mètres de long. Il devait probablement se nourrir de charognes, de poissons, de crustacés et de céphalopodes. Ces épines dorsales lui permettait de se défendre contre des prédateurs plus grands.

Saivodus magnificens
Caseodus basalis a vécu entre 355 à 247 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 1,5 mètre de long. Il vivait probablement en eaux plus ou moins profondes et aurait eu un régime alimentaire durophage composé de proies dures comme les mollusques à coquille et les crabes.

Caseodus basalis
Falcatus falcatus a vécu entre 335 à 318 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 30 cm de long. Il possédait de grands yeux qui indique qu'il vivait probablement dans les eaux profondes. Sa nageoire caudale était remarquablement développée pour un poisson de cette taille. Il devait être un nageur rapide et un prédateur de crevettes. Il vivait vraisemblablement en bancs. Le mâle possédait une nageoire dorsale antérieure transformée en longue épine projetée vers l'avant de l'animal.

Falcatus falcatus
Fadenia crenulata a vécu entre 320 à 247 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 1,5 mètre de long.

Fadenia crenulata
Ornithoprion hertwigi a vécu entre 315 à 307 millions d'années. Les rares fossiles découverts montrent qu'il possédait une mâchoire inférieure allongée.

Ornithoprion hertwigi
Cobelodus obliquus a vécu entre 315 à 285 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 2 mètres de long. Sa tête était très arrondie, relevée et saillante avec de grands yeux adaptés à un environnement marin profond. Sa nageoire dorsale était fort décalée vers l'arrière ce qui n'en faisait pas un prédateur rapide. Il devait probablement se nourrir de coquillages et de calmars. Il possédait des appendices allongés, en forme de tentacules pointus, enracinés à la base des nageoires pectorales et longs d'environ 30 cm. Le rôle de ces appendices n'est pas clairement établi.

Cobelodus obliquus
Bandringa rayi a vécu entre 309 à 307 millions d'années. Il avait un museau faisant la moitié de la taille totale de son corps. Son museau possédait des épines lui permettant de chasser les poissons dans les eaux troubles. Les fossiles connus à ce jour ne permettent pas de déterminer sa longueur mais les experts estiment qu'il pouvait mesurer jusqu'à 60 cm.

Bandringa rayi
Romerodus orodontus a vécu entre 306 à 303 millions d'années.

Romerodus orodontus
Cette période est caractérisée par les extinctions les plus massives que la planète ait connue. Les requins n'y ont pas échappé.

Parahelicoprion clerci a vécu entre 298 et 295 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 12 mètres mais sa taille moyenne avoisinait plutôt les 7,6 mètres. Contrairement à Helicoprion, ses dents n'étaient pas disposées en spirale en forme de scie mais en un arrangement incurvé de dents tranchantes qui fait penser qu'il pouvait se nourrir de proies plus rapides et à la peau plus épaisse.

Parahelicoprion clerci

Hybodus hauffianus a vécu entre 298 à 200 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 3 mètres de long. Sa longueur moyenne était d'environ 2 mètres. Il possédait deux nageoires dorsales équipées chacune d'une épine. Le mâle possédait des sortes de dents sur la tête dont la fonction est inconnue. Il s'agit du seul groupe de requins a avoir été épargné par la grande crise de la fin du Permien.

Hybodus hauffianus
Anisopleurodontis pricei vivait il y a 290 millions d'années. Les seuls fossiles découverts à ce jour l'ont été au Brésil.

Anisopleurodontis pricei
Helicoprion bessonovi a vécu entre 280 et 250 millions d'années. Ce requin pouvait mesurer entre 3 et 10 m de long. Il se nourrissait de mollusques essentiellement des nautiles. Étrangement, ses dents ne tombaient pas contrairement aux requins actuels. Ces dents s' enroulaient en spirale à l'intérieur de sa bouche. Cette spirale pouvait atteindre 30 cm de diamètre et compter plus de 160 dents !

Helicoprion bessonovi
Orthacanthus arcuatus a vécu entre 260 et 225 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 3 mètres de long. Il possédait une étrange série de dents à double pointe. Grâce aux études de fossiles, on pense qu'il pouvait devenir cannibale lors des périodes difficiles. Il vivait dans les marais d'eau douce en Europe et en Amérique du Nord.

Orthacanthus arcuatus
Sarcoprion edax a vécu entre 259 et 254 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 6 mètres de long. Tous les fossiles connus à ce jour proviennent du Groenland.

Sarcoprion edax

Mésozoïque

Xenacanthus elegans a vécu il y a 202 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 1 mètre. Il était très différent des requins actuels. Sa nageoire dorsale forme une sorte de ruban qui s'étend sur toute la longueur du dos, sur la nageoire caudale, jusqu'à atteindre la nageoire anale. Cette morphologie fait penser à celle des congres actuels. Sa tête portait une épine distinctive pointée vers l'arrière. Son rôle n'est pas bien connu, peut-être était-elle venimeuse comme le dard des raies actuelles.

Xenacanthus elegans
C'est durant le Jurassique supérieur que les requins se sont séparés des raies et ont évolué vers les requins modernes. Plusieurs améliorations furent apportées à leurs squelettes. Les vertèbres cartilagineuses s’imprégnèrent de calcium, leur permettant ainsi de résister aux fortes pressions. Les os de la mâchoire supérieure s’articulèrent autour de la boîte crânienne, permettant à l’animal d’ouvrir grand sa gueule. Le cerveau et ses zones sensorielles s’agrandirent, en particulier les lobes olfactifs. C'est probablement au Jurassique inférieur que sont apparus les premiers requins de type requins dormeurs, requins-nourrices et autres roussettes.
Paracestracion falcifer a vécu entre 182 à 132 millions d'années.

Paracestracion falcifer
La mer chaude et peu profonde du Crétacé était le centre d'une intense activité animale et, de ce fait, un immense réservoir de proies, favorisant naturellement une importante recrudescence des prédateurs, au premier rang desquels figuraient les requins. L'un des cas les plus spectaculaires est certainement celui des Lamniformes, qui sont apparus il y a près de 140 millions d'années et qui forment l'ordre des grands prédateurs.
Ptychodus mortoni a vécu entre 145 à 66 millions d'années. Il pouvait atteindre une longueur de 10 mètres.

Ptychodus mortoni
Cretolamna appendiculata a vécu entre 115 à 48 millions d'années. Il était répandu en Afrique du Nord, au Proche-Orient et en Amérique du Nord.

Cretolamna
Squalicorax curvatus a vécu entre 109 à 66 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 5 m de long. Son système dentaire était assez semblable à celui du requin tigre actuel.
Squalicorax
Cretoxyrhina mantelli a vécu entre 100 à 71 millions d'années. Ce requin est assez bien connu grâce à quelques spécimens fossiles plus ou moins complets. Il avait une apparence et une taille similaires à celle du Grand requin blanc actuel mais ne lui était pas apparenté. Il pouvait atteindre une longueur de 7 mètres pour une masse variant entre 680 et 1 900 kilos. La morphologie de la nageoire caudale indique un nageur puissant, capable de se déplacer rapidement sur de grandes distances. Il était donc vraisemblablement un requin de haute mer qui parcourait de longues distances, bien que l'on ignore s'il migrait.

Cretoxyrhina mantelli
Scapanorhynchus elongatus a vécu entre 100 à 55 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 65 cm de long. Il avait un museau allongé et aplati ainsi que des dents acérées de en forme de poinçon. Il était l'ancêtre du requin-lutin actuel.

Scapanorhynchus elongatus

Cénozoïque

Otodus obliquus a vécu entre 66 à 5 millions d'années. Ce requin est connu pour ses nombreuses dents et vertèbres fossilisés retrouvées en Europe, en Asie, en Afrique ainsi qu'en Amérique du Nord. Ses dents sont grandes avec une couronne triangulaire, des bords tranchants lisses et des cuspides visibles sur les racines. Certaines dents d'Otodus montrent également des signes d'évolution des dentelures. Les fossiles d'Otodus indiquent qu'il s'agissait de requins de très grande taille. Avec des dents allant jusqu'à 10,4 centimètres et des vertèbres de 12,7 centimètres de diamètre, il devait mesurer entre 9,1 à 12,2 mètres de long.

Otodus obliquus
Carcharocles angustidens a vécu entre 33 à 22 millions d'années.

Carcharocles angustidens
Carcharodon hastalis a vécu entre 58 à 1 millions d'années. Son nom veut dire requin aux dents larges, car les plus grandes dents de ce requin mesuraient 8 cm et étaient larges de 2 cm. Son corps était probablement très semblable à celui des grands blancs modernes. On pense également qu'il a une distribution cosmopolite, avec des dents retrouvées aux quatre coins du monde. Il était probablement l'un des principaux prédateurs dans son écosystème s'attaquant aux petites baleines et autres mammifères.

Carcharodon hastalis
Megalolamna paradoxodon, seul représentant du genre Megalolamna, a vécu entre 23 et 16 millions d'années. Ce requin vivait dans un milieu marin côtier de plates-formes continentales peu profondes des océans Atlantique et Pacifique. Il pouvait mesurer au moins 3,70 mètres. Ses dents étaient robustes et pouvaient mesurer jusqu'à 4,5 centimètres, soit bien moins que la taille des dents énormes de son proche parent qui vivait à la même époque, le mégalodon.

Megalolamna paradoxodon
Otodus megalodon a vécu entre 23 et 3,6 millions d'années. Bien que considéré comme l'un des prédateurs les plus grands et les plus puissants à avoir jamais vécu, le Mégalodon n'est connu que par des restes fragmentaires, et son apparence et sa taille maximale sont incertaines. La plupart des estimations de la taille du Mégalodon sont extrapolées à partir des dents fossilisés. Ainsi,les estimations de longueur maximale sont de l'ordre de 14 à 20 mètres. Les estimations suggèrent qu'un mégalodon de 16 mètres de long devait peser jusqu'à 48 tonnes et un mégalodon de 20 mètres de long devait peser jusqu'à 103 tonnes. Ses dents sont épaisses et robustes, conçues pour attraper des proies et casser des os, et leurs larges mâchoires pouvaient exercer une force de morsure allant jusqu'à 182 000 newtons.

Otodus megalodon
Alopias grandis a vécu entre 23 et 5 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 8 mètres. Certains spécimens montrent des débuts de dentelures.

Alopias grandis
Isurus planus a vécu entre 23 et 5 millions d'années. L'étude de ses dents ont montré qu'il était l'ancêtre du requin mako actuel. Tous les fossiles ont été découvert dans l'océan Pacifique. Il semblerait que sa taille devait aller jusqu'à 6 mètres de long. Il se nourrissait probablement de poissons, de pinnipèdes et de petits cétacés.

Isurus planus
Parotodus benedenii a vécu entre 16 et 1 millions d'années. Il pouvait mesurer jusqu'à 7,60 mètres. Ses dents étaient incurvées ce qui suggère qu'il se nourrissait principalement d'animaux au corps mou.

Parotodus


Retour